La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne remet fortement en cause lapolitique commune de la pêche (PCP) et l’accès réciproque aux eaux territoriales. En fonction des négociations, le Brexit peut conduire à la fermeture totale des eaux britanniques à l’UE, à un système d’autorisation des navires européens sous forme de licence de pêche ou à une situation proche de celle de la PCP. Dans son rapport sur la pêche européenne dans le contexte post‑Brexitremis le 11 juin 2020, la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, en plus d’en mesurer l’impact et de conseiller son anticipation, considère que ce contexte politique peut permettre de réformer la PCP.
L’UE fortement dépendante de la zone de pêche du Royaume-Uni
Au niveau européen, la filière pêche génère 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 107 000 emplois dans la pêche, 80 000 dans l’aquaculture et 100 000 dans la transformation.
Dans les eaux britanniques, très poissonneuses, la pêche européenne est 8,4 fois plus importante que la pêche britannique pratiquée dans les eaux des pays de l’UE. Dans le même temps, les Européens génèrent dans les eaux britanniques des revenus 4,9 fois plus élevés que les Britanniques dans les eaux européennes. En additionnant les activités de pêche en volume et en valeurs dans les eaux britanniques, on constate que la Belgique est l’État le plus dépendant de celles-ci suivi de l’Irlande, du Danemark, des Pays-Bas et enfin de l’Allemagne et de la France. Pour la France, entre 2011 et 2015, 98 000 tonnes de poissons y sont pêchés chaque année, générant 171 millions d’euros de chiffre d’affaires, concernant 2 566 emplois directs et 437 navires.
Par ailleurs, dans le contexte de changement climatique, les eaux britanniques sont fréquentées par des espèces de poissons de plus en plus nombreuses à la recherche d’eaux plus favorables, ce qui risque d’aggraver les conflits autour des accès aux zones de pêche et les quotas de prélèvement.
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Anticiper la crise et réformer la PCP
Afin de limiter l’impact de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, des limitations d’accès à ses eaux et de ses exportations, l’UE doit anticiper la crise que l’ensemble de ce secteur va rencontrer :
- en flexibilisant le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) afin de pouvoir l’utiliser comme un fonds d’urgence de soutien du secteur ;
- en mettant en place un plan stratégique pour l’avenir de la pêche européenne afin de chercher des marchés de substitution en cas de barrières douanières trop importantes avec le Royaume-Uni.
Du côté de la France, des dispositifs d’anticipation doivent également être renforcés en particulier pour :
- diversifier la pêche française et la réorienter vers des espèces peu exploitées ;
- organiser une régulation entre les comités régionaux des pêches maritimes et des élevages marins ;
- restructurer les criées françaises ;
- permettre la traçabilité des lots britanniques au niveau des douanes et des services vétérinaires.
Enfin, la politique commune de la pêche, très contestée par les pêcheurs européens qui lui reprochent ses nombreuses normes (quotas, techniques de pêche, réduction de la flotte…), doit être revue en mettant en place une programmation pluriannuelle des totaux de captures et un nouveau schéma de répartition des captures.
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